mercredi 29 février 2012

La belette bleue - 1er temps : Le réveil

Frédéric se réveille, il ouvre les yeux, mais c'est le noir absolu qui l'entoure. Pas de bruit, pas d'odeur, il ne sait même pas s'il est debout ou allongé car il n'a aucune sensation. Il veut se toucher le visage, mais ses membres ne répondent pas. Il tente d'appeler à l'aide, mais aucun son ne sort de sa bouche, juste l'écho d'un cri de détresse dans son esprit.


Désemparé, il essaye de rassembler ses souvenirs, et là, tout comme l'obscurité qui l'entoure : RIEN ! Il arrive à se rappeler son nom, l'école qu'il a fréquentée, la femme qu'il a épousée, son travail, mais impossible de mettre une date sur tout ça. Il n'arrive même pas à prendre conscience de l'age qu'il peut avoir à cet instant. Rapidement, il en vient à penser qu'il pourrait être mort, victime d'un accident ou une crise cardiaque,  et c'est pour cette raison qu'il se retrouve ici, dans le néant, coupé de son enveloppe corporelle.

Pourtant Frédéric n'a jamais cru en une possible vie après la mort. Pour son esprit rationnel, mourir, c'est éteindre la lumière : plus de communication entre les neurones, et cet incroyable enchevêtrement de connexions capable de réflexions s'arrête tout simplement. Tout a une explication scientifique à ses yeux, même les choses les plus abstraites. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il refuse toute croyance en une quelconque divinité : croire en dieu, c'est nier sa propre logique.

Mais pourquoi en vient-il à penser à l'existence post-mortem ? Sa logique scientifique aurait du le pousser à trouver d'autres explications bien plus évidentes. Non, Frédéric est un être humain comme les autres, et cet évènement, auquel il n'était pas préparé, le conduit vers l’irrationalité, cette même irrationalité qui est à la source de bien des religions et de croyances.

Petit à petit, la panique l'envahit. Seulement, dans une situation normale, la panique s'accompagne d'autres symptômes plus physiologiques : tremblements, rythme cardiaque élevé, respiration difficile ou nausées; mais là, rien de tout cela, juste une angoisse extrême, non parasitée par des signaux externes, de la peur à l'état pure.

Son esprit explose dans un hurlement de silence, quand tout à coup, quelque chose change : il commence à ressentir un fourmillement dans ce qui pourrait être son pied gauche. Progressivement, ce fourmillement remonte dans sa jambe, envahit son corps et s'intensifie. Maintenant, la peur cède la place à bien pire : la douleur. Une douleur d'une intensité sans commune mesure, comme si son corps prenait feu de l'intérieur pendant qu'on l’écraserait sous une presse de 100 tonnes, et tout cela, sans pouvoir exprimer sa souffrance par des cris libérateurs. Ordinairement, un organisme subissant le dixième de cette douleur, aurait du perdre conscience, mais malheureusement pour lui, ce n'est pas du tout le cas.

Après quelques minutes, qui semblèrent des heures, la douleur s'arrêta brutalement, faisant place à un calme et une sérénité apaisants. Quelques instants après, un son grave commença à se faire entendre, comme un bourdonnement. Progressivement, l'onde sonore devient de plus en plus forte, pour ensuite basculer dans les aigus jusqu'à en devenir inaudible.

Tout à coup, Frédéric perçut  un point lumineux. Au départ fixe, celui-ci se mit lentement à se déplacer en décrivant des cercles. Après une dizaine de tours, il s'immobilisa, puis éclatât en un flash blanc et intense.

Frédéric était debout au milieu d'un champ, devant lui se dressait une table en pierre sur laquelle se tenait un étrange animal qui le regardait fixement. Il ressemblait à une belette, le museau fin, le corps allongé, une longue queue. Sa taille était impressionnante, pratiquement celle d'un homme, mais ce qui était le plus insolite, c'était sa couleur : bleue électrique.

[A venir : "2ème temps : Promenade en forêt"]


















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